Je me levais brusquement et allais fermer à clef la porte de ma chambre. Je ne voulais pas que mes parents me voient craquer. Je suis comme ça mais je vous l'ai déjà expliquée dans ce monde parallèle. Dans cet enfer aux allures de paradis. Une fois cette précaution prise je m'affalai une nouvelle fois sur mon lit, agrippai mon oreiller et fourrai ma tête dedans. Une fois calé à l'endroit habituel, je le plaquai contre ma tête et me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps. Ma gorge était serrée. Ca faisait mal. Terriblement mal. Aussi bien physiquement que moralement. Je m'accrochai à mon oreiller comme à ma bouée de sauvetage dans le noir de ma chambre. Le sang battait à mes tempes. Ma tête allait exploser alors que j'avais du mal à respirer. Mon portable vibrait sur la table de chevet depuis déjà cinq minutes mais je n'avais pas la force de répondre. J'étais là, sur mon lit, folle de rage. Folle de rage parce que j'étais faible. Folle de rage parce que chaque fois j'espérais et chaque fois mes espérances étaient brisées. Folle était le mot. C'était mon état psychologique. Je pris mon téléphone pour tout de même voir qui s'acharnait.
Six appels manqués : Ambre.
J'étais en colère contre elle. Pourquoi elle m'appelait ? Pourquoi appelait-elle alors que j'étais dans ma phase de dépression ? Qu'y avait-il de si important ? Elle avait toujours le don d'appeler dans ces moments là. Toujours le don d'appeler quand ça n'allait pas. Quand j'étais au fond du gouffre. Comment c'était possible ? J'en avait aucune idée mais cette fille était tellement douée qu'elle arrivait à savoir chaque fois que mon moral était au plus bas. Je l'aimais tellement pour ça mais la détestait aussi tellement. Pour la faire taire et faire taire ces vibrations agaçantes, je balançais furieusement mon téléphone. Il alla s'exploser contre la porte. Je me remis à pleurer. Cette fois pour le portable qui comme Adèle était bel et bien mort...
La porte d'entrée claqua. Quelqu'un venait de rentrer. Je n'étais plus seule. Je n'étais plus seule alors que c'était ce dont j'avais besoins. J'avais besoins de solitude après tout ce qui venait de se passer. La journée avait été éprouvante et je ne me sentais pas le courage d'affronter les questions quotidiennes de mes parents. Tu as fais quoi aujourd'hui ? Tu as eu des notes ? Les copines ça va ? Je me connaissais et savais que ça me ferait exploser d'entendre ça. Je voulais simplement la paix mais papa comme à son habitude vint frapper à la porte. Aujourd'hui il ne parvint pas à ouvrir : j'étais enfermée. Papa et maman détestaient que je fasse ça. La remarque de mon père de ne se fit donc pas attendre :
-Quand est ce que tu finiras par comprendre que ça ne sert à rien de s'enfermer Bénédicte ?!
Je levais les yeux au ciel et me mis sous ma couette. J'avais froid. C'était une de mes réactions à la tristesse. Le froid m'envahissait tout le temps : d'abord aux extrémités puis je me mettais pratiquement à grelotter.
Je dus finir par m'endormir car je me réveillai le lendemain matin calme et apaisée. Papa et maman ont sûrement du s'énerver hier mais je dormais tellement profondément que je n'ai vraiment rien entendu. Pour le coup je n'avais pas fait exprès. Je ne voulais pas les voir. Je ne voulais pas entendre l'une de leurs leçons de moral. Je ne voulais voir personne, pourtant j'avais école et ce matin nous n'avions pas de DS. C'était plutôt une bonne nouvelle : je pouvais aller à l'association, histoire de me calmer. Je sautai dans mes affaires, ramassai mes livres et cahiers, me changeai, pris une douche, me coiffai et sortit dans les cinq minutes. Direction l'association. Aider les autres me ferait le plus grand bien vu l'état d'esprit dans lequel j'étais. Ca me calmerait. J'étais bénévole une fois de temps en temps dans une association qui s'occupait des enfants ayant le cancer. Les voir, sourire, jouer, parler, comme si de rien n'était me redonnait de l'énergie. Ils étaient condamnés mais ils avaient une force incroyable pour leur âge. Jamais je ne les ai vu triste. Je me trouvais si ridicule à côté d'eux, je ne connaissais rien à la vie, je ne connaissais rien aux épreuves. Ils m'en faisaient prendre conscience plus d'une fois. En dix minutes j'étais arrivée à l'association. J'entrais dans les bâtiments quand je tombai sur madame Clerc :
-"Tu tombes très bien Bénédicte ! J'ai essayé de t'appeler hier soir mais je n'ai pas eu de réponse. Un jeune devrait passer dans la matinée, il aimerait s'engager à l'association. Est ce que tu seras là à dix heures pour lui faire visiter ? Je ne peux pas m'en occuper...
- Oui a priori je comptais rester jusqu'à midi, il n'y a pas de problèmes. Comment s'appelle-t-il ?"
Je voulais un minimum savoir à qui j'aurais à faire, je n'étais pas là pour lui faire passer un entretien et avais horreur de poser le genre de questions basiques : Tu t'appelles comment ? Tu as quel âge ?...
"-Gabriel ! Il s'appelle Gabriel ! Merci beaucoup ma grande..."