Prologue

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=pWBFbE0YaV8&list=PLCCF632C039EE3596&index=6

Elle avait tout pour être heureuse. Une famille qui comptait pour elle, des amis qui étaient toujours présents et une garçon qui l'aimait. Elle était intelligente : toujours à lever la main en cours ; elle avait de la répartie et elle était capable de se jouer de ses professeurs. Drôle, elle était souvent entourée d'une bande de gens qui étaient accrochés à ses lèvres. Assez jolie, elle avait déjà attiré plusieurs garçons dans les mailles de ses filets. Elle n'était pas parfaite, oh non, elle avait ses défauts. Mais elle avait quelque chose, une étincelle de vie qui la rendait unique. Cette fille, Adèle ma sœur, elle ne me ressemblait pas. Brune aux taches de rousseurs et aux cheveux lisses, tandis que j'étais blonde aux cheveux bouclés. Mes parents étaient tellement fière d'elle, son dix-sept de moyenne depuis le CP, les visites qu'elle rendait régulièrement à grand-mère, à quel point elle aidait à la maison. Adèle, c'était le rayon de soleil de la famille, toujours là pour régler les différents. Elle s'est suicidée le 24 octobre 2010, le jour de ses dix-huit ans.

Pourquoi elle l'a fait ? Personne ne le sait. Elle n'a rien laissé derrière elle. Adèle avait orchestré toute sa disparition. C'était un weekend, j'étais partie à la campagne avec Papa et Maman mais elle préférait rester tranquille à la maison. Nos parents ne pouvaient pas le lui refuser après tout ce qu'elle faisait pour nous. Je ne saurais jamais ce qu'il s'est passé exactement ce 24 octobre mais en partant le vendredi soir je ne m'attendais pas à retrouver ma soeur morte. Elle avait avalé une boîte de médicaments : des antidépresseurs pour être exacte. Tout à l'heure, je disais qu'elle avait tout orchestré parce qu'avant de quitter ce monde elle n'a laissé aucune trace d'elle. Aucune trace de sa vie. Dans chaque album, dans chaque cadre, les photos l'ayant représentée avaient disparus. Son placard, anciennement rempli de toutes sortes de vêtements était vide. Ses cahiers et livres scolaires ne trainaient plus comme à leur habitude sur son bureau. Elle avait tout emporté avec elle et n'avait rien laissé. Pas même une lettre alors qu'elle aimait tant écrire... Ce départ inexpliqué avait anéanti la famille entière. Papa et Maman se disputaient continuellement, le grand frère était tombé en dépression et moi je tournais folle. Après la crise d'hystérie et de larmes que j'avais connue, j'avais finalement pris conscience que j'étais différente. J'étais différente de mes parents et de mon frère parce que malgré la tristesse, malgré l'anéantissement qui me brisait de l'intérieur je savais au plus profond de moi que je reverrais ma grande soeur.

C'est arrivé pour la première fois le 24 octobre 2011. Un an jour pour jour après son suicide. D'abord je croyais m'être endormie et être dans un rêve mais c'était beaucoup trop réel. Le monde où je me trouvais était tout blanc, du moins je le pensais au début. En réalité, la lumière était si vive à cet endroit qu'elle était presque immaculée et un simple humain n'aurait pu voir à plus de cinq mètres. Je n'y voyais rien que des formes d'abord puis des visages avaient commencé à se former autour de moi. Je ne connaissais personne mais eux ne semblaient pas étonnés de me voir : comme s'ils me connaissaient. C'était étrange comme sensation. J'avançais toujours puis finis par me stopper net. Dans la masse qui se trouvait autour de moi je reconnus un visage. Un visage qui malgré sa disparition prématurée je n'avais pu effacée de ma mémoire. Adèle. Elle était là. En chair et en os. Son regard croisa le mien quelques secondes et elle disparu. Au même moment je me retrouvais face à mon exercice de maths dans ma chambre, dans le monde des vivants. Des milliers de questions s'imposèrent alors à mon esprit.