Chapitre 2
Chaque jour, je ne pouvais m'empêcher de penser à mon secret. Personne n'était au courant, je ne pouvais compter que sur moi même dans cette histoire. Pas même sur Ambre, ma meilleure amie depuis la primaire. On habitait dans la même résidence, et elle avait été comme une évidence. Nos parents en étaient devenus amis, son appartement était ma deuxième maison et sans être sans le même lycée, on se voyait regulièrement naturellement. Mais elle avait beau être une fille super compréhensive, et attentive aux problèmes des autres, elle était trop terre à terre pour me croire si je lui disais que je voyais les morts et que j'allais dans leur monde. En plus je n'y avais été qu'une fois. Ce n'était même pas la peine d'essayer.
Alors heureusement, une période bénie arriva : les vacances de la Toussaint. Ne rien faire, ne plus avoir à faire semblant, Après avoir liquidé mes devoirs en quelques jours, je me retrouvai face à une drôle de sensation. Si ne plus aller en cours était une bonne chose car je n'étais plus obligée de faire semblant d'écouter, je n'avais pas le besoin de trouver de quoi m'occuper. Mes parents nous avaient trouvés jusqu'en Vendée, histoire que je ne reste pas enfermée dans ma chambre parce qu'il y a toujours un de leurs amis pour habiter notre mobile-home. Du coup, je me suis mise à deux semaines intensives
Toute fois, il me restait un week-end de vacances et j'avais comme un besoin impérieux de me ressourcer, de me purger dans un quotidien pour me calmer. Je suppliais mes meilleures amies de s'organiser une petite sortie, mais Manon, une de mes trois meilleures amies, était en Bretagne. Face à mon insistance pour la voir, elle nous proposa carrément de passer le week-end dans sa maison de campagne. Et c'est ainsi qu'on était parti pour aller à la plage après avoir pris le train le samedi matin, très tôt. Mes parents, d'ordinaire si stricts, avaient accepté sans broncher : je devais avoir l'air vraiment surexcitée. La veille du départ, après une journée à boucler mes devoirs je préparai mon sac à l'arrache en ne prenant que l'essentiel : appareil photo, téléphone et vêtements tout en oubliant le necessaire : le pyjama et la brosse à dents. C'est donc à 10 heures sur le quai d'Auray qu'eurent lieu les retrouvailles que j'attendais depuis deux semaines déjà. Je sautai dans les bras de Manon, brune aux longs cheveux raides et je collai un bisou sur la joue de Marina, tout aussi brune que mon autre amie. Elles étaient mes deux meilleures, sans elle je ne valais pas grand chose et elles étaient toujours là pour me redonner le sourire. Alors oui, ce fut une après-midi de dingues, Marina s'en finissait pas de raconter ses vacances avec un nouveau garçon en perspective pendant qu'Ambre me faisait mourir de rire. Alors j'attrapai mon appareil photo et mon trepied et je testai une nouvelle idée de photo : face à la mer avec mes meilleures amies. Je fus super contente du résultat : cela rendait super bien ! On en essaya d'autres : Marina était très douée en danse classique, alors elle prit des positions improbables qui nous firent mourir de rire. Une bataille d'eau s'engagea, bien sûr je râlais un peu : mon appareil m'était précieux. En rentrant, on avait des étincelles de vie dans les yeux et la mère de Manon nous accueillit en disant : "Ah cette jeunesse ! Quelle vitalité !". Au plus grand plaisir de Marina, une grande mangeuse, une tartiflette nous attendait.
On aurait dit que les parents avaient été contaminés par notre bonne humeur : le père, qui avait peut être bu un verre de trop, enchainait blague sur blague. La mère, un peu inquiète, nous envoya nous coucher pour éviter la catastrophe. Alors évidement, on ne fermit pas l'oeil de la nuit. On dit que c'est la nuit que nous sommes le plus honnête : je ne lâchai pourtant pas un mot par rapport à ma situation. Enfin, j'avoue avoir eu le droit à beaucoup de questions sur mon mal être qui semblait visible. Est-ce que ça avait un rapport avec Marc, qui paraissait de plus en plus distant avec moi ? Ou était-ce les rumeurs qui me désignaient comme une première de la classe ? Peut-être le fait que ma famille ne semblait pas aller pour le mieux ? Je repensai à Dimitri, le garçon qui me plaisait mais à qui je ne l'avouerai jamais : il était proche de tellement de filles j'avais l'impression qu'il jouait avec moi. Donc, pour me protéger je n'avouais à personne mes sentiments, par même à moi-même mais mes comportements ne trompaient personne. C'était comme si mes pieds me menaient sans réflechir à lui et ses beaux yeux bleus. Quoiqu'il en soit, je dois avouer qu'il n'était pas ma priorité en ce moment. Face à mon mutisme, elles abandonnèrent et Manon nous lança sur un autre sujet : son éternel célibat. Après m'être foutue de sa gueule, on parla tout de même du nouveau projet de Manon : écrire une chanson. Je dois avouer que l'intro n'est pas très brillante mais c'est un début : "Oh dear friends, I want to tell you ouhouhouh I need you ouhouhouh I love you ouhouhouh". J'ai essayé de lui expliquer qu'elle ferait une excellente ingénieure mais qu'il fallait laisser tomber la chanson. Le lendemain, après avoir déjeuné de pancakes, on attrapa notre train : il fallait tout de même se préparer pour la rentrée, on était plus en CP !